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ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
poids et, qu’étant ainsi disposés, ils puissent descendre librement, ils
ne reposeront jamais jusques à ce que le milieu de la ligne (qui est le
centre de pesanteur des anciens) s’unisse au centre commun des choses
pesantes.
2. Ce principe, que nous avons considéré il y a longtemps, ainsi
qu’il vous a été mandé, paroît d’abord fort plausible;.mais, quand il
est question de principe, vous savez quelles conditions lui sont requises
pour être .reçu : desquelles conditions, cette principale manque au
principe dont il s’agit ici, savoir que nous ignorons quelle est la cause
radicale qui fait que les corps pesants descendent et d’où vient l’origine
de cette pesanteur. Ainsi nous n’avons rien de connu assurément de ce
qui arriveroit au centre où les choses pesantes aspirent, ni aux autres
lieux hors la surface de la terre, de laquelle, pour ce que nous y habi
tons, nous avons quelques expériences sur lesquelles nous fondons nos
principes.
3. Car il se peut faire que la pesanteur est une qualité qui réside
dans le corps même qui tombe; peut-être qu’elle est dans un autre, qui
attire celui qui descend, comme dans la terre. Il se peut faire aussi et
est fort vraisemblable que c’est une attraction mutuelle ou un désir
naturel que les corps ont de s’unir ensemble, comme il est clair au fer
et à l’aimant, lesquels sont tels que, si l’aimant est arrêté, le fer, n’é
tant point empêché, l’ira trouver, [et] si le fer est arrêté, l’aimant ira
vers lui et, si tous deux sont libres, ils s’approcheront réciproque
ment [l’un de l’autre], en sorte toutefois que le plus fort des deux fera
le moins de chemin.
Or, de ces trois causes possibles de la pesanteur | ou des centres des
corps], les conséquences seront fort différentes, ce que nous ferons
connoître en les examinant ici l’une après l’autre.
lion nouvelle de Robcrval faite en vue do l’impression de la Correspondance de Fermai,
elles sont reproduites ci-après dans les Variantes. Bossut a compris cette Pièce dans son
édition des Œuvres de Biaise Pascal, 1779; il a suivi en général le texte des Varia, à
part les changements d’orthographe et quelques modifications de détail.