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ŒUVRES DE FERMAT. - SUPPLÉMENT.
ces battements (*). D’ailleurs Galilée s’était proposé dans la Giornata
seconda de trouver le temps de la chute d’une boule de la Lune à la
Terre, qu’on déduit facilement en nombres par l’application de la loi
nouvellement découverte (étant supposée, comme le fit Galilée, la
constance de l’accélération) quand on a trouvé par expérience le temps
employé par un mobile qui parcourt un espace connu et quand on
connaît la distance de la Lune jusqu’à nous. Or, l’expérience, bien
des fois répétée, dit l’interlocuteur Salviati, a fait voir qu’une boule
de cent livres scende dall' altezza di cento braccia in cinque minuti
secondi d’hora (p. 219). Cependant la distance indiquée doit être en
réalité plus que double. En effet, Galilée avait laissé croire à ses
contemporains qu’il avait trouvé ces résultats par des expériences sur
la chute directe, tandis qu’il y a toute apparence qu’il ne les avait que
déduites de ses expériences sur le plan incliné, en agrandissant ses
erreurs d’observation par l’application de la valeur ainsi trouvée au
calcul de la chute directe sur un espace plus étendu.
Il va sans dire qu’un tel procédé fut la source de beaucoup de dis
cussions entre les savants de l’époque. On admettait que toute loi
sur la chute des graves dans le vide, quelle qu’elle soit, échappe
d’abord à toute expérience rigoureuse, et ainsi qu’on ne pouvait se
contenter d’une concordance approximative entre la loi énoncée et
la chute dans l’air. Mais en regardant la grande discordance entre
la proposition et l’expérience, qui ne pouvait pas être attribuée àia
résistance de l’air ou à l’imperfection des chronomètres (battements
du pouls, clepsydre ou sablier), les contemporains n’avaient pas tout
à fait tort de regarder l’énoncé de l’illustre savant, non comme une
loi prouvée, mais plutôt comme une hypothèse, qui reposait plus
sur un principe hypothétique que sur des faits.
En France, Mersenne se mit en tête de ceux qui désiraient éclaircir
les doctrines du Maître et spécialement il tâcha de vérifier la loi de la
(*) H. Cardani, Opus novum de proportionibus, etc. (Basileœ, iSyo), prop. 58,
p. 5o; Epitome astronomia; copernicanæ, etc. Auctore J. Kepplero (Lentiis, 1618),
p. 278-279.