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III 1. F. Enriques. Géométrie non-arcliimédienne.
extérieur à cette droite, on obtient un plan (espace à deux dimensions);
en projetant ce plan par un point extérieur à ce plan on obtient un
espace à trois dimensions; en projetant cet espace à trois dimensions
par un point extérieur à cet espace on obtient un espace à quatre
dimensions; et ainsi de suite.
G. Veronese observe que, si l’on envisage une droite sur laquelle
sont donnés les rapports de disposition et de congruence, on peut, à
l’aide du postulat de G. Cantor, construire, en partant de certaines suites
de points donnés sur la droite, d’autres points envisagés comme points
limites de ces suites de points. Il examine dans quelle mesure les
hypothèses sur lesquelles repose cette construction sont compatibles
avec l’existence de points situés à l’extérieur de l’ensemble des points
construits ainsi successivement sur la droite, et parvient ainsi à un
espace général d’une infinité de dimensions et contenant une infinité
d’unités rectilignes, qui est la forme la plus étendue à l’intérieur de
laquelle la construction envisagée est toujours possible.
G. Veronese a construit deux systèmes géométriques en prenant
comme points de départ deux concepts différents de la droite.
1) Un système dans lequel la droite est une ligne ouverte et où
l’on peut mener, par un point donné extérieur à une droite donnée,
une infinité de parallèles à cette droite.
2) Un système dans lequel, comme dans la géométrie de B. Bie-
mann, la droite est une ligne fermée.
En ce qui concerne le second système, il s’est surtout attaché à
envisager les faits géométriques, concernant les diverses unités, avec
ce qu’on pourrait appeler une approximation infiniment grande. Il
remarque que, dans ce second système, aux environs d’un point quel
conque la géométrie peut être envisagée comme euclidienne avec une
approximation infinie (au sens de l’infini actuel).
50. Géométrie projective non-arehimédienne. G. Veronese a
remarqué que, dans son espace ou dans celui qui peut être défini
analytiquement par les nombres de T. Levi-Civita, la géométrie pro
jective s’applique.
Mais on est encore parvenu à une géométrie projective non-archi-
médienne à la suite de recherches ayant pour objet de restreindre les
hypothèses nécessaires à la démonstration géométrique du théorème
fondamental de la projectivité au sens restreint [cf. n° 27].
Il s’agit d’établir ce théorème sans introduire les concepts ordi
naires de la continuité [n° 13].
A l’aide de considérations métriques, où l’on envisage la similitude