III 4. Géométrie éimmérative. M. Pieri.
une nouvelle dénomination au moyen de laquelle H. Schubert écarta
du principe les préjugés qui en avaient si longtemps empêché l’emploi.
Comme l’appellation: «Principe de la position particulière» (Princip
der speziellen Lage) que H. Schubert 45 ) avait proposée tout d’abord ne
s’accordait guère avec l’emploi de ressources telles que les dégénéres
cences géométriques signalées au n° 7, il en choisit 46 ) une autre en
1876; celle de «Principe de la conservation du nombre» (Princip der
Erhaltung der Anzahl). Voici comment il énonce 47 ) ce principe:
Un nombre, à moins qu’il ne prenne une valeur infinie, doit con
server la même valeur quelles que soient les positions particulières
que l’on donne aux figures: soit qu’on modifie leurs positions absolues
dans l’espace, soit qu’on modifie leurs positions respectives, soit qu’à
la place de figures considérées auparavant comme générales et satis
faisant à certaines définitions on en introduise d’autres, aussi parti
culières que l’on veut, mais satisfaisant aux mêmes définitions. Comme
H. Schubert se place, ainsi que J. Ph. E. de Fauque de Jonquières, sur
le terrain algébrique, cet énoncé doit être considéré comme étant
d’accord avec les fondements généraux de la géométrie énumérative
[n os 1 à 3; voir aussi n° 9].
Parmi les applications qui suivirent de près (1879) cette nou
velle acception du principe, il faut citer celles de H. Schubert* 8 ) et de
H. G. Zeuthen 49 ), où l’on utilise les dégénérescences obtenues en fai
sant décroître indéfiniment les dimensions d’une courbe ou d’une
surface jusqu’à ce que tous les points de celles-ci viennent se con
denser le long d’une droite. Ils ont ainsi déterminé le nombre des
courbes ou des surfaces appartenant à un système oo 1 ou oo 2 (ou
bien à deux systèmes oo 1 ) et vérifiant des conditions de contact
simple ou double avec une courbe ou surface donnée (ou bien entre
elles) [III 19]; H. Schubert 50 ) a même soumis à une réduction analogue
des figures à plusieurs dimensions.
45) Nachr. Ges. Gôtt. 1874, p. 274.
46) Math. Ann. 10 (1876), p. 23.
47) H. Schubert, Kalkül der abzâhlenden Geometrie, Leipzig 1879, p. 12.
48) Id. p. 14. Les dégénérescences dont H. Schubert et H. G. Zeuthen font
usage s’obtiennent par collinéation centrale (homologie) dont le nombre carac
téristique est zéro [III 28], ou bien par la composition de deux collinéations
(homologies) de ce genre particulier [Abzâhlende Geom. 47 ), p. 91].
49) G. R. Acad. sc. Paris 89 (1879), p. 899, 946. Peu après H. G. Zeuthen,
les mêmes résultats ont été retrouvés par H. Schubert [cf. n° 25, note 193J;
C. Mineo [Rend. Cire. mat. Palermo 17 (1903), p. 297] étudie à son tour des
questions du même genre.
50) Mitt. math. Ges. Hamburg 1 (1881/9), éd. Leipzig 1889, p. 134 [1886].