soutenir que la congruence, entendue comme un rapport physique,
a par elle-même une signification indépendamment du mouvement
des corps.
Outre les deux manières de voir déjà indiquées, il en est une
troisième 109 ) qui cherche à rattacher l’idée de la congruence géomé
trique à l’identité logique. Mais les critiques ont déjà noté, et cela
à juste titre, que ceux qui procèdent ainsi se fondent sur une fausse
interprétation du principe logique d’identité.
Sans quitter l’ordre élémentaire, nous allons exposer brièvement
les systèmes de postulats par lesquels M. Pasch, G. Veronese et IJ. Hilbert
ont formulé logiquement les propriétés fondamentales de la congruence
géométrique. Nous examinerons plus loin (n os 39 à 42) les développe
ments qui, d’après les idées de H. von Helmholtz, permettent de caracté
riser l’ensemble des mouvements comme un groupe de transformations.
a. Systèmes de postulats de Pasch 110 ). Après avoir donné les
postulats [de la géométrie projective] qui concernent les propriétés
graphiques 111 ) de la droite et du plan dans une région de l’espace
(Raumstück) convenablement délimitée [n° 15], M. Pasch introduit
comme notion logiquement primitive (quoique psychologiquement
acquise par l’expérience du mouvement) la notion de la relation de
congruence entre deux figures géométriques composées de points, re
lation que nous désignerons par
M= M'.
La congruence est conçue comme une correspondance parfaite
[I 1, 1], c’est-à-dire univoque et réciproque, élément par élément, ainsi
qu’il suit:
Les parties homologues de figures congruentes sont congruentes.
Deux figures congruentes à une troisième sont congruentes entre
elles. Si deux figures M, M' sont congruentes [M = M'] et qu’à M on
adjoigne un point A, on peut toujours déterminer un point A' de
façon que les figures composées M + A, M -f A' soient congruentes
[M + A = M + A'].
Les propriétés fondamentales de la congruence par rapport à la
droite et au plan sont énoncées dans les sept postulats suivants dont
les cinq premiers se rapportent à la droite et les deux derniers au
109) G. Veronese, Element! 28 ), (2 e éd.) p. 22 [première partie, livre 1].
110) Neuere Geom. 24 ), p. 103.
111) J. V. Poncelet a désigné successivement sous le nom de propriétés des
criptives [Traité des propriétés projectives des figures, Paris 1823; (nouv. éd.) 1,
Paris 1865, Introd. p. XIII] et de propriétés graphiques [id. 1, p. 6] les propriétés
des figures qui ne concernent que la position respective de ces figures.