16. Nouveaux développements sur la théorie des parallèles.
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fondements de la géométrie se posent encore et demandent à être
examinées avec soin:
a) Comment arrive-t-on à établir la possibilité logique de la
géométrie non-euclidienne et, par suite, l’indépendance du postulat
d’Euclide à l’égard des postulats qui le précèdent.
b) Sous quelles formes simples, équivalant au postulat d’Euclide,
peut-on énoncer l’hypothèse qui se trouve à la base de la théorie
ordinaire des parallèles.
a) En ce qui concerne la première de ces deux questions,
N. I. Lobacevshij 183 ) a déjà observé que les formules de la trigono
métrie hyperbolique peuvent être réalisées par un système analytique
abstrait et il en a tiré la première démonstration de la possibilité
logique de la géométrie non-euclidienne.
B. Riemann 184 ) et E. Beltrami 185 186 187 ) eurent ensuite l’idée de donner
une interprétation effective de la géométrie non-euclidienne plane en
utilisant la géométrie sur les surfaces à courbure constante (cf. n° 24).
Il en résulte une nouvelle preuve de la possibilité logique des systèmes
non-euclidiens dans le plan. Mais une telle surface à courbure constante
ne représente jamais qu une partie du 'plan.
D’après F. Klein 185 ) on a une représentation de la géométrie
non-euclidienne qui répond mieux à une intuition d’ensemble, dans la
détermination métrique que A. Cayley m ) a appliquée à chaque co
nique. Tout le plan non-euclidien est ainsi mis en pleine lumière
et non plus seulement une partie du plan. Nous reviendrons sur
cette question dans le chapitre consacré à la géométrie projective.
Par cette interprétation projective on a aussi envisagé un point qui
mérite de fixer l’attention du lecteur.
Souvent, en suivant l’exemple de J. H. Lambert, on a pris pour
modèle de la géométrie plane elliptique la géométrie sur la sphère;
et comme, sur celle-ci, deux cercles très grands (figurant des droites)
183) +N. J. Lobacevskij 17S ) 1, p. 65; 2, p. 60.*
184) +B. Biemann, Habilitationsschrift 12 ); Abb. Ges. Gott. 13 (1866/7), éd.
1868, math. p. 145; Werke, (2 e éd.), pubi, par H. Weber, Leipzig 1892, p. 282/3;
trad. L. Laugel, Paris 1898, p. 293.*
185) *E. Beltrami, Saggio d’una interpretazione della geometria non-euclidea
[Giorn. mat. (1) 6 (1868), p. 284/312; trad, par G. J. Hoiiel, Ann Ec. Norm. (1) 6
(1869), p. 251/88].*
186) +F. Klein, Math. Ann. 6 (1873), p. 140.*
187) +A. Cayley, Philos. Trans. London 149 (1859), p. 82; Papers 2, Cam
bridge 1889, p. 583.*