22. Surfaces. Variétés à n dimensions.
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à deux ou à trois dimensions. Ces notions correspondent à des types
plus ou moins intuitifs. On généralise ensuite, à un nombre quel
conque de dimensions, les notions ainsi acquises de variété à une,
deux ou trois dimensions.
Il semble difficile de dire qui a, le premier, tenté cette générali
sation. C’est qu’en réalité elle a été d’abord réalisée dans un but
tout différent. Ainsi J. L. Lagrange 273 274 27S ) assimile la Mécanique à une
Géométrie à quatre dimensions.
Dans les recherches de Géométrie pure, il s’agit essentiellement
de généraliser le concept de la disposition des points d’une surface
suivant deux directions ou dans un ordre double, et celui de la dis
position des points de l’espace suivant trois directions ou dans un
ordre triple.
Cette généralisation est analogue à celle qui permet de passer du
concept d’une ligne mobile, formée de points disposés convenablement, à
celui d’une surface, puis du concept de la surface supposée à son tour
mobile, au concept d’une étendue déterminée ou à celui de l’espace tout
entier. En continuant ainsi on parvient à la notion de variété à 4, 5, ...
et, en général, à un nombre quelconque n de dimensions. Les élé
ments de la variété à n dimensions ainsi engendrée sont dit disposés
en ordre multiple n.
La possibilité de cette généralisation a déjà été connue par
J. F. Herhart 2U ) dont le système philosophique a exercé dans cet ordre
d’idées une grande influence sur le développement des idées de
H. Grassmann et de JB. JRiemann.
En se plaçant à un point de vue exclusivement mathématique,
A. Cayley 275 ) a d’ailleurs développé, dès 1843, le concept de variété
à un nombre quelconque de dimensions.
En 1844, H. Grassmann 276 ) a, de son côté, formulé explicitement
la possibilité de soumettre au calcul l’étude de variétés plus générales
que l’espace à trois dimensions qu’elles sont supposé contenir. Il
a recours, à cet effet, à une analyse vectorielle généralisée dans la
quelle, en particulier, l’addition jouit encore de propriétés commuta
tives. Le concept de grandeur extensive, auquel il parvient dans cette
analyse vectorielle, embrasse celui de variété à n dimensions dont
273) ^Théorie des fonctions analytiques, Paris an Y, p. 223; Œuvres 9, Paris
1881, p. 337.*
274) + Werke 88 ) 3, p. 59.*
275) Cambr. math. J. 4 (1843/5), p. 119; Papers 1, Cambridge 1889, p. 55.
276) Die lineale Ausdehnungslehre, Leipzig 1844, préface p. IX, X; (2 e éd.) f
Leipzig ls78, préface p. VII; Werke 68 ) l 1 , p. 10/1.