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EXTRACTION DES PARAMÈTRES OPTIQUE DES AÉROSOLS AU-DESSUS DES SURFACES TERRESTRES À
PARTIR DES IMAGES AVHRR-NOAA
Alain ROYER, Norman T. O'NEILL, et Pierre CÔTÉ
CARTEL, Université de Sherbrooke, Québec, Canada J1K 2R1
Bruce McARTHUR
Atmospheric Environment Service, Downsview, Ontario, Canada
RÉSUMÉ
Une procédure de cartographie des aérosols au-dessus des continents est proposée à partir de l'inversion des luminances
apparentes enregistrées par le capteur AVHRR des satellites NOAA dans les canaux visibles (1) et infrarouge (2). La
comparaison des valeurs déduites des images au-dessus de surfaces végétales et d'eau, avec des mesures d'épaisseur
optique des aérosols effectuées au sol dans 4 stations différentes dans l'Est du Canada permet une première validation de
la méthode. Cependant le manque de données simultanées sol-image ne permet pas d'apprécier précisément l'erreur due
aux variations de surface dans l'inversion. Les problèmes de réflectance bidirectionnelle et de discrimination des surfaces
végétales stables et homogènes considérées (forêt boréale par exemple) sont discutés.
Mots clés: Aérosols, AVHRR-NOAA, modèle d'inversion, surfaces végétales et eau.
ABSTRACT
EXTRACTION OF AEROSOL OPTICAL PARAMETERS OVER CONTINENTAL AREAS
USING NOAA-AVHRR IMAGES
A procedure for the mapping of aerosols over continental areas using the inversion of apparent radiances recorded by the
NÔAA-AVHRR sensor in the visible (1) and infrared channels (2) is proposed. The procedure is evaluated by comparing
aerosol optical depths derived from the images over vegetation and water targets with ground based measurements
acquired at four stations in eastern Canada.
The results show weak correlation over vegetation sites and stronger correlation over water bodies. Various factors which
influence the observed scatter over the vegetation sites are discussed. There include effects of bidirectional (non
Lambertian) reflectance, target inhomogeneity and spatial sampling problems.
1. INTRODUCTION
Les aérosols troposphériques peuvent jouer un rôle
important dans le bilan radiatif de la Terre. Des
variations de leurs propriétés optiques et physiques
(concentration, taille et nature) peuvent en effet entraîner
des variations importantes des effets d'absorption et de
diffusion du rayonnement qu'ils provoquent dans le
spectre solaire ( de 0,3 à 4,0 |im). De plus, les
variations spatiales de ces paramètres permettent
d'analyser leurs sources et puits ainsi que le transport
des masses d'air associées.
La caractérisation des aérosols est donc un problème
important que les satellites d'observation de la terre
permettent dans une certaine mesure d'appréhender
quantitativement. Par exemple, la détermination de leur
concentration intégrée sur une colonne verticale ou de
leur épaisseur optique d'atténuation est actuellement
bien étudiée par de nombreux auteurs à partir des
luminances du capteur AVHRR (Advanced Very High
Resolution Radiometer) des satellites météorologiques
NOAA. Cependant toutes ces études ont été effectuées
au-dessus de l'océan (Rao et al., 1989; O'Brien et
Mitchell, 1988; Royer et al., 1988; Takayama et
Takashima, 1986).
La présente étude examine la possibilité de déterminer
l'épaisseur optique des aérosols au-dessus des
continents. L'inversion des luminances satellitaires au-
dessus de surfaces végétales denses et homogènes
comme la forêt boréale et des lacs de grande taille est
discutée à partir d'une série chronologique d'image
NOAA 9, 10 et 11 des étés 1987 et 1989 dans l'Est du
Canada (région des Grands lacs et bouclier canadien)
(Tableau 1).
2. MÉTHODOLOGIE
Le principe du modèle d'inversion des luminances
AVHRR dans les canaux 1 (~ 0,58 - 0,68 |im) et
2 (~ 0,73 - 1,10 |im) des satellites NOAA est
schématisé par l'organigramme de la Figure 1. Dans les
conditions d'un ciel sans nuage, le signal reçu au
capteur est fonction de l'absorption et de la diffusion
atmosphérique (où les effets moléculaires sont supposés
découplés de ceux des aérosols) et de l'albédo de la
surface sous-jacente. Ainsi, pour une surface de
réflectance stable et connue, on peut, moyennant
certaines hypothèses sur la nature des aérosols
(distribution de la taille et indice de réfraction)
considérer que les changements de luminances
apparentes au capteur ne sont dus qu'aux variations des
effets optiques de ces aérosols.
Comme le canal 1 est centré dans la bande d'absorption
chlorophylienne, il est raisonnable d'admettre que la
signature spectrale de la végétation dense à forte
biomasse reste stable. Les sites de végétation sont
obtenus par seuillage d'une image de l'indice de
végétation [NDVI = (canal 2 - canal 1) / (canal 2 + canal
1)] . On peut ainsi discriminer trois types de surfaces:
eau, végétation et autres (sol nus, pixels mixtes,
nuages...). Pour l'eau et la végétation, il est nécessaire
de définir un modèle de réflectance. Dans la bande
rouge (0,6-0,7 [tm), la réflectance de la forêt est de
l'ordre de 2-3% (Kfaufman et Sendra, 1988).
Cependant, si on intègre ces valeurs sur une bande
passante plus large (cas du canal 1 de AVHRR), la
réflectance intégrée peut être plus grande, de l'ordre de
4 à 6% suivant les modèles. Dans cette étude, une