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DONNÉES PAR LES LAMES MINCES. 87
car son effet, dans cette partie , sera de rapprocher du centre
les anneaux violets qui en étaient déjà les plus voisins , ce qui
les éloignera encore davantage des anneaux rouges; et cette
extension des franges colorées augmentant leur empiétement
les unes sur les autres , contribuera davantage à les mêler, et en
composera plutôt une teinte blanche uniforme, dans laquelle
aucune couleur ne sera plus assez distincte pour pouvoir être
aperçue. D’après cela, on conçoit que si l’on voulait séparer
cette partie des anneaux, il faudrait retourner le prisme en
sens inverse. C’est en effet ce qui a lieu. Mais alors , par réci
procité, les parties situées au-delà du centre doivent se mêler
davantage et devenir indistinctes, ce qui est en effet conforme
à l’observation.
Or, puisque de cette manière on parvient à apercevoir des
anneaux dans la partie de la lame d’air où l’on n’en voyait point
à la vue simple, il s’ensuit qu’une telle lame peut paraître à
l’œil d’un blanc continu et uniforme , quoique , dans la réalité ,
la lximière y forme des anneaux que le prisme rendra sensibles
en les séparant. C’est aussi ce que l’on peut observer, non-
seulement sur les lames d’air comprises entre deux objectifs,
mais aussi sur les bulles d’eau savonneuse ; car, avant qu’elles
aient atteint le degré de minceur nécessaire pour réfléchir des
couleurs sensibles ,1e prisme y découvre déjà des anneaux con
centriques. Et de même des lames minces de mica , ou d’eau, ou
de verre soufflé à la lampe, quoique n’étant pas assez minces pour
paraître colorées à l’œil nu, montrent, lorsqu’on les regarde
avec le prisme, une infinité de petits anneaux irréguliers qui
ondulent sur leur surface de mille manières , en suivant les iné
galités insensibles de leur épaisseur. Et, dit Newton, on com
prendra aisément la raison de ces phénomènes, si l’on considère
que tous ces anneaux , en nombre infini, existent déjà dans les
lames quand on les regarde à la simple vue, quoique, à cause
de la largeur de leurs circonférences et de l’ordre élevé aux
quels ils répondent, ils soient si fort mêlés et confondus en
semble , qu’ils semblent composer un blanc uniforme ; confu
sion que le prisme fait disparaître en les séparant. Pour bien