la restauration sera facilitée gràce aux photos montrant l'état
de guerre ou autre,
de l'édifice avant le sinistre ; mais, si à ces photos s'ajoute un relevé minu-
tieux fournissant les dimensions exactes, les profils de moulures, le dessin détail-
lé d'éléments divers et caractéristiques, il est alors possible de reconstituer les
parties manquantes avec une fidélité extreme.
Malheureusement, les relevés, établis par des architectes ou des
dessinateurs travaillant seuls ou en équipe, sont très rarement précis. Si les in-
dications générales peuvent être considérées comme sûres, le détail laisse souvent
à désirer. Bien des points ont échappé aux investigations des spécialistes : absen-
ce de parallélisme des axes, irrégularité des assises, modification des moulures
d'une travée à l'autre et tant de menues nuances qui confèrent tout leur charme
aux oeuvres du moyen âge, de ces nuances si révélatrices, parfois, que leur examen
amène à des conclusions essentielles quant à la valeur plastique ou à la chronolo-
gie de l'édifice. Or, le plus minutieux des relevés n'échappe jamais à des lacunes
ou à des erreurs de détail plus ou moins nombreuses ; souvent même, que de côtes im-
portantes sont fautives !
Mais à ce levé, dressé par le moyen d'instruments sommaires de
mensuration, et soumis aux négligences humaines autant qu'aux interprétations sub-
jectives, voilà qu'on substitue un levé photogrammétri que. Ici, les deux yeux im-
placables de l'appareil de prises de vues stéréoscopiques embrassent l'ensemble
tout en scrutant le moindre détail et voilà, une fois de plus, la machine supérieu-
re à l'homme quand le but se circonscrit à des données concrètes. Or, dans le cas
qui nous occupe, n'est-ce pas le document qui importe dans sa véracité la nlus
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absolue L'homme interprete ou transpose, suivant les variations de sa sensibili-
té ou de son époque ; les lentilles enregistrent sans défaillance, dans la netteté
de leur optique. Les deux termes se rejoignent normalement : l'objectif photogra-
phique nous rassure par son objectivité. C'est exactement ce que nous demandions.
Dès lors, comment nier la valeur d'un tel procédé qui nous » +
donne une image fidèle en la projetant dans trois dimensions et permet, grâce à
l'appareil complémentaire qu'est le restituteur, non seulement d'évaluer avec la +
plus grande exactitude longueur, largeur et profondeur, mais encore de reproduire
en géométral à une échelle choisie plans, élévations et coupes des ensembles aussi
bien que des détails.
La photogrammétrie étant exécutée, la transcription en levé
architectural pourra être différée jusqu'au moment ou la nécessité s'en fera sentir.
Les deux opérations, distinctes l'une de l'autre, seront, l'une comme l'autre, d'
une exécution rapide. Une documentation monumentale importante peut être réunie
rapidement et reproduite en autant d'exemplaires que nécessaire. Sa conservation
se fera sous un volume extrémement réduit de négatifs photographiques. Par aillaurs,
la fidélité de la documentation peut être poussée jusqu'aux infimes détails de
sculpture, d'ornementation, de modénature, d'appareillage et de tailte de pierre.
On saisit d'emblée la portée de ces nombreux avantages.
La conservation de nos richesses monumentales ne peut que pro-
fiter largement de ces archives photogrammétriques ainsi réunies qui associent en
une synthèse rapide et parfaite la photographie, le relief et le relevé à l'échelle
Les travaux effectués jusqu'ici, à l'initiative et sous la direction de Monsieur
l'Ingénieur en Chef F. CATTELAIN, Directeur du Service de Topographie et de Pho-