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SYMPOSIUM PHOTO INTERPRETATION, DELFT 1962
La carte géomorphologique du Golfe Normand-Breton à 1 : 10.000 est
préparée par le personnel et les élèves du laboratoire de géomorphologie de
l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, dans sa section de géomorphologie litto
rale de Dinard. Elle est dressée par restitution des photographies aériennes
entre l’île de Bréhat et le Cap de la Hague. L’Institut Géographique National
a pris des photographies à des dates et des heures différentes, ce qui permet de
mieux analyser les mouvements de la mer et l’érosion ou la dérive des sédi
ments, mais il manque des photographies dans l’intervalle des îles. Or elles
sont importantes pour l’étude des vagues et des courants de marée, souvent
supérieurs à 5 noeuds et pouvant dépasser 8 à 10 noeuds. Les photographies
aériennes du littoral sont redressées au moyen des points de triangulation géo-
désique de l’Institut Géographique National et de triangulation topographique
complémentaire faite par le laboratoire. La restitution est appuyée sur une
triangulation radiale utilisant les mêmes éléments. La région n’a en effet pour
carte fondamentale que le 1 : 80.000 et le 1 : 50.000 qui en dérive; le
nouveau 1 : 25.000 n’existe que dans la région de Cherbourg.
Dans la restitution, on note le dessin des côtes, celui des vagues et des cou
rants ainsi que ce que l’on peut voir des formes des fonds et du mouvement des
sédiments. Nous utiliserons également des photographies infra-rouges de l’Ins
titut Géographique National, des photographies en couleurs et des clichés
tirés avec des filtres rouges et verts.
Tous ces éléments sont rapportés à l’heure précise de prise de vue et des cal
culs sont établis pour noter la position de la mer d’après le moment de la
marée. D’autre part, le vent du jour de la prise de vue est également noté de
manière à réunir tous les éléments d’interprétation possible.
Le travail est fait par conséquent en fonction d’une date et d’une heur-
précises mais il est répété, par comparaison, pour les photographies posté
rieures qui correspondent naturellement à un autre moment de la marée et à
une autre direction du vent.
Le fond de carte géomorphologique ainsi obtenu est utilisé pour reporter
l’analyse des prélèvements des sédiments marins. Ces prélèvements sont faits
par dragages, par plongées autonomes acccompagnées bientôt de photogra
phies, et nous essayons, en ce moment, les mesures d’épaisseurs par compression
d’air. Ces cartes ne sont pas destinées à la navigation, mais elles intéressent la
pêche, la recherche des sables dans une région où se poursuivent de grands
travaux, d’abord l’usine marémotrice de la Rance, puis le projet de barrage
de la baie du Mont Saint Michel entre Cancale, les îles Chausey et Granville.
Enfin, les travaux publics, pour la construction d’ouvrages portuaires, pour la
protection des plages et aussi pour la création des polders sont intéressés par
cette carte. Nous cherchons, bien entendu, à expliquer la répartition et l’évo
lution des formes et des dépôts, ainsi que l’origine des sédiments par les miné
raux lourds, ce qui nous oblige à dresser en même temps une carte pétrogra-
phique détaillée du littoral basée sur l’interprétation des photographies
aériennes et sur des levés d’estran, des falaises, des massifs anciens de l’inté
rieur et des îles.