NOTICES SUR LA VIE DE L’AUTEUR.
(PAR L’EDITEUR.)
Niels Henrik (Nicolas Henri) Abel, Norvégien naquit le 5 août*) 1802 au presbytère
de Findoe, paroisse située dans le diocèse de Christiansand où son père Sôren Georg Abel
était curé (ministre protestant). Son père ayant été nommé curé de Gjerrestad en 1803,
le jeune Nicolas l’y suivit avec un frère ainé, avec lequel il commença dans la suite ses
premières études sous les auspices de son père. En 1815 son père le fit entrer dans
l’école cathédrale de Christiania où, pendant les premières années de son cours élémen
taire, il ne s’attira aucune attention particulière, jusqu’à ce qu’en 1818, époque d’où date
ma nomination de professeur de mathématiques à ladite école, on accorda aux disciples
quelques heures exprès pour les exercer à résoudre des problèmes algébriques ou géomé
triques. Ce fut alors que le talent d’Abel se développa d’une manière éclatante. Il fallut
bientôt lui réserver des problèmes tout-exprès. Depuis ce temps il se voua aux mathé
matiques avec ardeur, et y fit des progrès énormes, et avec une rapidité qui n’appartient
qu’au génie. Ayant rapidement passé le cours élémentaire, je lui donnai, sur sa démande,
des leçons en particulier sur le calcul infinitésimal. Après l’avoir initié dans les éléments
de cette science, je parcourus avec lui l’introduction et les institutions du calcul diff. et
inte'gr. d’Euler. Dès-lors il commença à marcher seul. II étudia les ouvrages de Lacroix,
Francoéur, Poisson, Gauss et surtout ceux de Lagrange, et fit déjà lui même quelques
essais. En juillet 1821 ayant quitté l’école cathédrale, il fut reçu à l’université de Chri
stiania, après avoir subi l’examen dit d’artium. A l’école cathédrale il avait déjà obtenu
un gratis, et son père étant mort, sans laisser à la veuve les moyens d’entretenir son fils
à l’université, quelques-uns des professeurs, frappés des talents extraordinaires qu’il annon
çait pour les mathématiques, se cotisèrent pour lui procurer les moyens d’une existence
indépendante et conforme à ses talents supérieurs. Après avoir joui de ce soutien pen
dant 2 ans, le gouvernement, sur la proposition du sénat académique, lui accorda sur le
trésor 200 Sp. par anj pour continuer ses études pendant 2 ans à l’université. Ces gra-
*) Dans le nécrologe de N. Abel par M. Crelle, inséré dans le 4 me volume de son Journal, le 25 août es
cité comme le jour de naissance de notre auteur. Cette faute, que je prends ici la liberté de corriger,
dérive d’une inadvertance de ma part dans les renseignements communiqués à M. Crelle. Par une faute
d’impression le lieu de sa naissance y est appelé Frindoë. Dans le Journal anglais ’’The Athenæum”,
Abel est appelé Suédois (’’the celebrated young Swedish philosopher, Abel”).