Deuxième séance
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grisé avait pour but de marquer l’allure générale du reliel et de laire
ressortir les détails, souvent incomplètement dessinés par les courbes de
niveau. C’est surtout sur les cartes de l’expédition de l’Alaï Pamir que nous
avons tenté cette opération. Sur les cartes des Clubs alpins allemand et
autrichien, c’est par des hachures que l’on a essayé de créer une représen
tation plastique de l’ensemble et de rendre les formes caractéristiques des
détails. Ce dernier procédé s’inspire sciemment de la méthode suisse
classique, il donne de bons résultats mais il exige une très grande adresse
et beaucoup de temps. De plus, il est difficile de garder aux courbes de ni
veau photogrammétriques toute leur valeur géométrique, car les traits sur
ajoutés entrent en coniîit avec les courbes de niveau. Les cartes dressées
par les clubs alpins allemand et autrichien ont été retouchées par cette
méthode.
Je voudrais attirer l’attention, ici, sur deux griefs que l’on peut faire
valoir contre la méthode de cartographie photogrammétrique que je viens
d’esquisser, à savoir la nécessité d’un personnel rompu à la géodésie et à
la topographie tant pour les travaux en campagne que pour les travaux à
l’atelier, et la nécessité d’opérer les prises de vues et la restitution dans la
plus étroite liaison, et même de les faire exécuter, autant que possible, par
la même personne. Cela est juste mais, loin d’y voir un défaut de la
méthode, nous y voyons une condition nécessaire qu’il convient de poser
en principe pour des travaux de cette nature. Le travail photogram
métrique ne doit pas être séparé, comme un acte isolé, des autres activités
qui l’encadrent. Le gros avantage de la méthode classique de la planchette
consiste précisément en ce que le travail topographique est mené, d’un
bout à l’autre, par un même topographe, et que le résultat de son travail
est une œuvre, certes, d’une précision relative, mais une œuvre tout d’une
pièce, fidèle et de haute valeur plastique. Si le procédé photogrammétrique
se propose de lui faire une concurrence sérieuse, il devra commencer par
se conformer à ces exigences fondamentales de toute création cartogra
phique, à l’instar de la méthode de la planchette. Ce n’est qu’à cette condi
tion que la photogrammétrie réalisera un progrès véritable pour la topo
graphie et pour la cartographie, et qu’elle pourra s’imposer. La mécani
sation poussée du travail topographique comporte, certes, des avantages,
mais elle comporte aussi certains dangers. On pourrait croire, au premier
abord, que l’homme, ici le topographe qualifié, pourrait être remplacé par
la machine. Il n’en est rien. Ces dernières années, on s’est engagé dans la
voie d’une mécanisation progressive, mais le résultat a été que la photo
grammétrie a rendu peu de services à la topographie. Pour le proche avenir,
on devra, en photogrammétrie, opérer sur ce point une réforme, et faire
reposer le travail sur le topographe qualifié, tout comme dans la méthode
de la planchette ».