sont fonction de la position des limites fixées
entre segments, et les contrastes sont fonction
de leur intensité. Ainsi, en forêt, il est
possible d'augmenter les aires occupées par le
résineux dense ou les peuplements défoliés.
Calibration des scènes multidates
Ces processus d ' accentuation numérique de
l'imagerie satellite s'inscrivent dans le cadre
d'une recherche visant à mettre au point des
méthodologies capables de produire des images aux
relations couleurs-objets au sol relativement
stables quelle que soit la scène traitée ou le
territoire étudié. Cet objectif demeure
difficile à atteindre. Dâ aux conditions
phénologiques et atmosphériques prévalant au
moment du captage des données, chaque scène revêt
des caractères particuliers affectant, pour
chacune des bandes spectrales, la valeur relative
des réflectances des objets au sol.
Conséquemment, les histogrammes des composantes-
images issues d'une TCP ou de combinaisons
linéaires de bandes ont une distribution de
végétation variable. Ces variations étant
ordinairement faibles, l'allure générale des
patrons de couleurs d'images provenant de données
de dates et de localisations différentes demeure
sensiblement la même, leur signification pouvant
cependant différer.
Les corrections radiométriques usuelles basées
sur le calage des nappes d'eau ne semblant pas
suffisantes, d'autres types de calibration ont
été développés. Pour des scènes individuelles
sans chevauchement, une calibration thématique
contribue à systématiser les résultats. Pour
chacune des bandes spectrales utilisées, certains
types de couvert sont à priori fixés à des
niveaux de réflectance déterminés par étalements
linéaires ("piecewise stretch"). Les couverts
sont choisis principalement de manière à fixer
les extrémités des bandes spectrales. En
territoire forestier, les nappes d'eau, le
conifère mûr et dense, le feuillu dense et les
aires dénudées semblent être un choix approprié.
Dans le cas de scènes se chevauchant, il est plus
simple de calibrer la moyenne et l'écart-type
d'une surface commune. La surface choisie ne
doit cependant pas avoir subi de changements
entre les deux dates de captage des images. Dans
certains cas, une calibration thématique
subséquente contribue à compenser pour de légères
variations phénologiques ou dues à la croissance
annuelle de la végétation.
Classification de l'image accentuée
Les méthodes d'accentuation décrites plus haut
produisent des images aux patrons définis,
orientées pour une meilleure représentation
possible du territoire à l'étude. Comme leurs
composantes sont exprimées en niveaux de gris
volontairement réduits, elles peuvent être
qualifiées de "pseudo-classification". Par
exemple, une image dont les trois composantes
sont respectivement segmentées en 8, 5 et 4
tranches ne renferme qu'un maximum de 160
couleurs dont une trentaine dominent dans les
principaux couverts, les autres étant des tons
intermédiaires représentés par des pixels plus ou
moins isolés. Les couleurs significatives dont
la représentativité est connue peuvent être
regroupées pour disséquer 1'image en classes
statistiques ou pour la classification de thèmes
à superposer à l'accentuation. Certains thèmes
sont déjà bien identifiés par une seule couleur.
Pour ce faire, l'accentuation choisie est montée
sur le visuel et la valeur numérique de la ou des
couleurs, représentant chacun des thèmes à
classifier, est notée pour chacune des trois
composantes-image segmentées. Par la suite, un
simple algorithme de classification par paral
lélépipèdes permet de classifier les thèmes
(couleurs) sélectionnés suivant leurs trois
valeurs minimums et maximums.
INTERPRÉTATION ET CARTOGRAPHIE
La majorité des projets réalisés jusqu'à
maintenant à partir de ces accentuations l'ont
été suivant quatre étapes principales :
accentuation préliminaire, vérification-terrain,
accentuation finale et interprétation-
cartographie . L ' accentuation préliminaire
Imprimée sur papier photographique servait de
document de base pour inventorier la région
étudiée par survols en hélicoptère, transects au
sol ou photographies aériennes. L'accentuation
finale, produite à l'aide des informations-
terrain, était imprimée sur diapositives.
L'interprétation et la cartographie étaient
réalisées simultanément à l'aide d'une table à
surface transparente, les diapositives étant
projetées de l'arrière sur une carte
planimétrique translucide.
Présentement, pour répondre au besoin exprimé
d'un produit final sous forme numérique
intégrable aux banques de données, on a de plus
en plus recours à une "station d'interprétation
numérique interactive" permettant de tracer les
polygones directement sur le visuel et de les
emmagasiner sous forme numérique. Une recherche
est présentement en cours pour automatiser
davantage ce processus d'interprétation.
LES APPLICATIONS
Depuis une dizaine d'années, ce mode
d'interprétation d'images satellites accentuées
par traitement numérique (Figure 2) a été utilisé
au Québec pour la réalisation de plusieurs
projets d'envergure. L'imagerie Landsat MSS a
servi à réaliser les premiers projets couvrant de
vastes territoires nordiques (Beaubien, 1984b).
A la fin des années 70, le Centre de foresterie
des Laurentides (C.F.L. ) assisté d'Hydro-Québec
(HQ) dressait une carte de végétation synthèse, à
l'échelle de 1:250 000, pour un territoire de
80 000 km 2 à la Baie d'Hudson. Cette car
tographie fut fort utile aux biologistes d'Hydro-
Québec pour évaluer le potentiel faunique de la
région, particulièrement des zones appelées à
être ennoyées suite aux futurs aménagements
hydro-électriques (Somer, 1981).
L'aspect opérationnel de la méthodologie fut
reconnu et l'assistance du CFL fut demandée pour
mettre sur pied un autre projet semblable
couvrant le bassin de la rivière Caniapiscau à la
Baie de James. Ce projet réalisé par le secteur
privé pour le compte de la Société d'énergie de
la Baie James, avait pour objectif de produire
une cartographie (1:125 000) végétale sur un
territoire de 82 000 km 2 pour qualifier les
habitats fauniques, particulièrement ceux du
caribou (Somer 1983). Le coût total des travaux
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